Plus de 2 000 ans après sa création, un hymne de l'empire babylonien que l'on croyait perdu a été retrouvé. Dispersé sur des tablettes passées au crible de l'IA, il a pu livrer nombre de ses secrets.
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On y évoque Marduk, dieu protecteur de la cité, son temple l'Esagil, et le peuple babylonien. Tout cela dans un poème retrouvé plusieurs milliers d'années après son écriture. Le texte découvert sur une vingtaine de manuscrits datant d'entre le VIIe et le Ier siècle avant notre ère, fait l'objet d'une étude publiée dans la revue Iraq, appartenant à l'université de Cambridge.
À la gloire de Babylone
Plus précisément, il s'agit d'une forme poétique nommée Péan. Une sorte de chantchant destiné à mettre en lumière un triomphe ou une période glorieuse, ici destinée à Babylone et aux Babyloniens. Les chercheurs ont pu l'identifier sur plusieurs tablettes d'argileargile où des textes étaient écrits en lettres cunéiformescunéiformes. En tout, il y avait une vingtaine de fragments avec quelques passages difficiles à identifier ou manquants. Le tout provenant de la bibliothèque Sippar, une ancienne cité de Mésopotamie située à une trentaine de kilomètres au sud-est de ce qui est aujourd'hui Bagdad.
Le tout fut passé au crible d'une intelligence artificielleintelligence artificielle qui a aidé à déchiffrer les signes et à identifier les tablettes qui faisaient partie du poème. « Sans IA, le processus nous aurait pris plusieurs dizaines d'années », assure un des auteurs, Enrique Jiménez de l'université de Munich, lors d'une interview à Cosmos Magazine.
Au total, le texte contient 250 lignes. Plus étonnant : si les chercheurs ont pu le reconstituer en grande partie malgré les fragments manquants, c'est parce qu'il avait été recopié à plusieurs reprises. Il semble que des écoliers, sans doute des enfants, devaient l'apprendre et le reproduire. Il s'agissait donc d'un texte extrêmement populaire à son époque, suffisamment en tout cas pour être étudié à l'école.

Un « classique » de la littérature babylonienne
Il évoque en ouverture un hymne dédié au dieu Marduk, qui lui est adressé, semble-t-il, par un autre dieu. On y suit la divinité qui traverse différents royaumes pour y apporter la prospérité. La suite du poème est consacrée brièvement au l'Esagil, le temple de Marduk, avant de passer à Babylone elle-même. Avec une emphase sur ses bâtiments, ses majestueuses portes et son roi Alulu.
La suite est un peu plus floue, la faute à une centaine de lignes en partie ou totalement manquantes. Plusieurs lignes font référence aux habitants eux-mêmes, avec une certaine importance accordée aux femmes babyloniennes et de certaines tâches qui leur sont confiées, comme à propos de leur rôle de prêtresses. Il reste quelques parties manquantes, une centaine de lignes quelque peu fragmentaires où il semblerait que le poème fasse référence à un dieu guerrier, qui pourrait être également Marduk.
Les textes babyloniens sont fascinants car, s'ils sont souvent perdus aujourd'hui, ils ont eu une influence considérable sur la littérature de l'époque. En plus, il s'agissait parfois, comme ici, de textes appris et cités par d'importantes parties de la population, et ils étaient ainsi référencés dans d'autres œuvres.
Comme le disent les auteurs : « Le texte publié ici pour la première fois peut être ajouté au petit nombre des compositions que l'on pourrait qualifier de classiques. »