Avoir eu la mononucléose infectieuse, une maladie virale très banale transmise par la salive, pourrait bien avoir des conséquences majeures sur la santé future. C’est ce que suggèrent, dans une nouvelle étude, des chercheurs de l’Agence internationale de recherche sur le cancer (IARC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
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La mononucléose infectieuse, appelée aussi « maladie du baiser », est provoquée par un virus appelé Epstein-Barr, transmis par la salive. C'est une maladie bénigne très fréquente puisque 95 % de la population a déjà été infectée par ce virus, mais qui pourrait mettre en péril la santé à long terme, selon une nouvelle étude.
L'infection passe souvent inaperçue quand elle est contractée durant l'enfance et elle est plus fréquente chez les adolescents. Elle est à l'origine de symptômes variés : angine (ganglions gonflés et douloureux), fièvrefièvre, grande fatigue, perte d'appétit, douleursdouleurs musculaires, maux de tête... associés à un « syndromesyndrome mononucléosique » (augmentation des monocytesmonocytes et des lymphocyteslymphocytes TT) témoignant d'une activation intense du système immunitairesystème immunitaire.
Quand la persistance du virus favorise la cancérisation
Une fois que la maladie est guérie, les symptômes disparaissent. Mais le virus, lui, va persister dans les ganglions pour le restant de la vie, sans provoquer de nouvelle maladie (immunisation). On sait qu'une personne a déjà eu la mononucléose quand on peut détecter dans son sang des anticorpsanticorps dirigés contre le virus d'Epstein-Barrvirus d'Epstein-Barr (VEB).
Plusieurs études ont montré que le VEB pouvait favoriser la cancérisation et augmenter le risque d'une dizaine de cancerscancers, notamment celui de la gorge ou du nasopharynx.
Le saviez-vous ?
En 1964, le virus d’Epstein-Barr a été mis en évidence dans des biopsies de lymphomes de Burkitt, un cancer très agressif touchant les lymphocytes B. C’est le premier virus humain à avoir été associé à des cancers. En 1970, il a été associé à un deuxième cancer : le carcinome du nasopharynx.
Ce virus est en effet capable de modifier des protéinesprotéines impliquées dans la multiplication cellulaire, de perturber les mécanismes de réparation de l'ADNADN ou encore d'inhiber des gènes suppresseurs de tumeurs. Ainsi, les cancers liés au VEB représenteraient 1,5 % de la mortalité mondiale liée à l'ensemble des cancers. Mais jusqu'à présent, son potentiel néfaste précis restait mal documenté.

Risque de cancer cinq fois plus important quand on a déjà eu la mononucléose
L'équipe internationale à l'origine d'une nouvelle étude, publiée dans Nature Communication, a suivi durant 8 à 10 ans un groupe de 74 000 personnes vivant dans le sud de la Chine. Ils ont recueilli les données concernant la survenue de cancers et tenté de voir s'il existait un lien entre ces cancers et le taux sanguin d'anticorps anti-VEB. À l'issue du suivi, 1 990 cas de cancers s'étaient déclarés. Que montrent les calculs ?
En moyenne, les personnes qui présentaient des anticorps anti-VEB avaient un risque de développer un cancer près de cinq fois plus important que celles qui n'en avaient pas. Et plus le taux d'anticorps était important, plus ce risque était élevé.
C'est pour le cancer du nasopharynx (partie supérieure du pharynxpharynx, à l'arrière du neznez et en haut de la gorge) que l'augmentation du risque est la plus effrayante : les personnes qui avaient été en contact avec l'EBV étaient 26 fois plus susceptibles de développer ce cancer que celles qui ne l'avaient jamais été. Le risque de lymphome était, lui, multiplié par 3,2, celui du foiefoie par 1,7 et celui du poumonpoumon par presque 1,8 chez les personnes séropositivesséropositives au EBV par rapport à celles qui étaient séronégatives.
Si ces données concernent une population chinoise bien déterminée et ne peuvent être transposées à la population générale, elles apportent un nouvel éclairage sur le potentiel cancérigène de la mononucléose... et appellent à mettre en place de nouvelles études. Objectif : mieux comprendre comment le virus d'Epstein-Barr exerce ses effets néfastes.