Une découverte prometteuse vient d'être réalisée dans l'univers complexe du microbiome intestinal. Des chercheurs ont identifié un champignon qui pourrait jouer un rôle protecteur contre une maladie hépatique répandue. Près d'une personne sur trois dans le monde souffre de maladies du foie liées à des dysfonctionnements métaboliques. Cette avancée scientifique ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques.
 


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    Le microbiome intestinal, cet écosystèmeécosystème microscopique qui peuple notre système digestif, recèle encore de nombreux secrets. Une équipe de chercheurs chinois de l'Université de Pékin vient de mettre en lumièrelumière le potentiel thérapeutique insoupçonné d'un champignonchampignon intestinal contre une maladie hépatique préoccupante : stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique, ou Mash (anciennement appelée stéatohépatite non alcoolique, ou Nash en anglais, pour Non Alcoolic Steato Hepatitis). Cette découverte, publiée en mai 2025 dans la revue Science, pourrait bouleverser notre approche du traitement des maladies hépatiques métaboliques.

    Fusarium foetens : un allié inattendu contre les maladies du foie

    Le champignon identifié, Fusarium foetens, s'est révélé particulièrement efficace pour combattre la stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique. Cette forme grave de maladie du foie gras (stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique ou Mash) affecte un nombre croissant de personnes à travers le monde.

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    L'équipe de recherche a isolé 161 espècesespèces de champignons différentes à partir d'échantillons de selles prélevés chez 100 volontaires chinois. Parmi ces espèces, F. foetens s'est distingué par son omniprésence dans les échantillons et sa capacité d'adaptation aux environnements pauvres en oxygène, caractéristiques qui en font un candidat idéal pour des applicationsapplications thérapeutiques.

    Les expérimentations sur des modèles murinsmodèles murins ont démontré que ce champignon, plus précisément le composé FF-C1 qu'il produit, améliore significativement la santé hépatique. Les souris atteintes d'une maladie similaire à la Mash et traitées avec ce champignon ont présenté :

    • une réduction notable de l'inflammation hépatique ;
    • une diminution de la fibrose (cicatrisation) du foie ;
    • une amélioration générale des marqueurs de santé hépatique ;
    • un métabolismemétabolisme lipidique mieux régulé.
    Le système digestif abrite une multitude de bactéries et champignons encore inconnus, dont beaucoup restent à découvrir, et sont bénéfiques pour notre santé. © koto_feja, iStock
    Le système digestif abrite une multitude de bactéries et champignons encore inconnus, dont beaucoup restent à découvrir, et sont bénéfiques pour notre santé. © koto_feja, iStock

    Mécanisme d'action du champignon protecteur

    Les chercheurs ont également élucidé une partie du mécanisme par lequel ce champignon exerce son effet bénéfique. Le composé FF-C1 produit par F. foetens semble inhiber l'activité d'une enzymeenzyme appelée Céramide Synthase 6 (CerS6), présente dans la muqueusemuqueuse intestinale.

    Cette enzyme joue un rôle dans la production des graisses sanguines. En réduisant son activité, le champignon diminue la probabilité de développement ou de progression de la stéatohépatite. Pour valider cette hypothèse, les chercheurs ont créé des souris génétiquement modifiées, soit dépourvues de CerS6, soit en surproduisant cette enzyme.

    Les résultats ont confirmé le rôle central de CerS6 dans l'effet protecteur de F. foetens contre la Nash. Cette découverte ouvre la voie à de nouvelles approches thérapeutiques ciblant spécifiquement cette enzyme.

    Perspectives thérapeutiques pour millions de patients

    Les maladies hépatiques liées à des dysfonctionnements métaboliques, dont fait partie la Mash, touchent près d'une personne sur trois à l'échelle mondiale. Ces affections, regroupées sous l'appellation MAFLD (Metabolic dysfunction-associated fatty liver disease), représentent un défi majeur pour la santé publique.

    Bien que ces résultats doivent encore être confirmés par des essais cliniquesessais cliniques chez l'humain, ils constituent une avancée significative. Les techniques développées pour cette étude pourraient également permettre d'identifier d'autres champignons bénéfiques dans notre microbiote intestinal.

    Les chercheurs soulignent l'importance d'optimiser les techniques de culture et la composition des milieux pour l'étude des champignons intestinaux. Ces améliorations méthodologiques s'avèrent essentielles pour approfondir notre compréhension de la microécologie intestinale et des interactions complexes entre le microbiotemicrobiote et l'organisme hôte.

    Cette découverte s'inscrit dans un domaine en pleine expansion, celui de l'étude du microbiome. Notre système digestif abrite une multitude de bactériesbactéries et champignons dont beaucoup restent à découvrir, certains pouvant causer des maladies, d'autres nous protégeant contre elles.

    Les connaissances acquises grâce à cette recherche pourraient transformer notre approche des maladies hépatiques et ouvrir la voie à des traitements innovants basés sur la modulationmodulation du microbiote intestinal.