Des chercheurs ont réussi à récupérer des protéines sur un fossile de rhinocéros vieux de plusieurs dizaines de millions d'années. Une prouesse qui va nous en apprendre énormément sur l'évolution des animaux disparus.
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Sur les fossiles, il est possible de retrouver de nombreuses informations, mais la plupart des moléculesmolécules disparaissent avec le temps. Heureusement, cela n'est pas toujours le cas. Dans deux études différentes, parues ensemble dans la revue Nature, des scientifiques expliquent comment ils ont pu retrouver des protéinesprotéines sur un fossile de rhinocéros datant d'au moins 18 millions d'années.
La prouesse est impressionnante : jusque-là, les protéines les plus anciennes n'avaient pas plus de 3,7 millions d'années, mais les chercheurs américains et danois ont trouvé une parade.
Dans la savane et dans la glace
Dans la première étude, les chercheurs de l'université de Cambridge et du Smithsonian Institute se sont servis de fossiles retrouvés au Kenya. Il s'agissait d'animaux appartenant à la famille des rhinocéros et des éléphants, et plus particulièrement, de leurs dents. L'émailémail qui forme ces organes préserve bien mieux ce type de molécule. Ce qui n'est pas chose aisée puisque nous sommes dans un des endroits les plus chauds de la planète, là où les protéines ne sont pas censées survivre aussi longtemps.
Pour ce qui est de la seconde étude provenant de chercheurs de l'Université de Copenhague, il s'agit également d'un mammifère proche des rhinocéros, d'environ 21 à 24 millions d'années, mais cette fois trouvé dans l'Arctique canadien, autrement dit, un environnement froid beaucoup plus favorable à la conservation biomoléculaire.
Ces deux études révolutionnent les recherches sur l'évolution animale. Un pan de la recherche rendu difficile par le manque de matériel à étudier. Les premiers essais sur la paléontologie moléculaire concernaient avant tout quelques molécules comme les acides aminésacides aminés, avant que les scientifiques ne réussissent à trouver des molécules complexes bien conservées.
Un nouveau chapitre dans la paléontologie moléculaire
Récemment, les études impliquant de l'ADN ancien ont déjà permis de lever le voile sur ces questions, mais ces molécules survivent rarement au-delà d'un million d'années et n'aident pas à remonter plus loin dans le passé. Ici, les fossiles datent du Miocène, et pour l'auteur de l'université de Copenhague Enrico Cappellini : « Nous avons ouvert un nouveau chapitre dans la paléontologiepaléontologie moléculaire. Imaginez être capable d'utiliser les données moléculaires pour comprendre des organismes qui ont vécu il y a des dizaines de millions d'années. »
Grâce à ces trouvailles, les chercheurs pourront mieux comprendre comment ces espècesespèces aujourd'hui disparues ont vécu et évolué. Les recherches moléculaires aident à recréer une sorte d'arbrearbre généalogique des espèces et il devrait désormais être possible de remonter beaucoup plus loin dans le temps. De précédents travaux avaient ainsi permis de mieux caractériser l'évolution des premiers humains, avant Homo sapiens, et ces études laissent espérer d'importants progrès.
Encore mieux, les chercheurs américains sont persuadés que l'émail peut aider à conserver ces molécules jusqu'à 29 millions d'années. Avec l'évolution des techniques de prélèvement et la certitude, désormais, que l'émail peut jouer ce rôle de protecteur dans les bonnes conditions, la paléontologie s'apprête à vivre une nouvelle révolution.