Les manchots papous, reconnaissables à leur plumage unique et à leur agilité remarquable, figurent parmi les créatures les plus fascinantes des régions polaires. Ces oiseaux marins sont capables de plonger à des profondeurs impressionnantes pour chasser poissons et calmars. Vivant en colonies bruyantes sur les îles subantarctiques et les rivages du continent Austral, ils se reproduisent dans des environnements extrêmes. Alors que d’autres espèces de manchots sont affectées par le changement climatique, le manchot papou voit ses effectifs augmenter en Antarctique. Les scientifiques s’interrogent sur la durabilité de son adaptation face à l’accélération rapide de son environnement.


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    Carte du monde et carte péninsule Antarctique © Peter Hermes Furian, Adobe stock
    Carte du monde et carte péninsule Antarctique © Peter Hermes Furian, Adobe stock

    L’oiseau revient toujours au nid

    Reconnaissable à la bande blanche qui s'étire du sommet de sa tête jusqu'à l'arrière de ses yeuxyeux et à son bec orange vif, le manchot papou est également le plus rapide nageur de tous les manchots, capable d'atteindre près de 36 km/h sous l'eau. Agile et efficace dans son élément, il plonge pour capturer poissons, krill et calmars, ajustant sa trajectoire avec une étonnante précision. En revanche, sur terre, le manchot papou se montre bien plus maladroit : sa démarche raide et ses glissades sur le ventre contrastent avec sa grâce aquatique. Il niche en colonies, principalement sur les îles subantarctiques comme la Géorgie du Sud, les Malouines ou les îles Sandwich du Sud, ainsi que sur la péninsulepéninsule AntarctiqueAntarctique. Le manchot papou revient habituellement chaque année dans la même colonie de reproduction, souvent jusqu'au même nid, faisant preuve d'une grande fidélité à son site de nidification.

    Le manchot papou glisse avec aisance dans les eaux glacées, rapide et précis. Sur les rivages balayés par le vent, il revient chaque année dans sa colonie, au milieu des cris, des pierres et des retrouvailles rituelles. Manchots papous, îles Falkland © Thierry Suzan – Tous droits réservés
    Le manchot papou glisse avec aisance dans les eaux glacées, rapide et précis. Sur les rivages balayés par le vent, il revient chaque année dans sa colonie, au milieu des cris, des pierres et des retrouvailles rituelles. Manchots papous, îles Falkland © Thierry Suzan – Tous droits réservés

    Chaque couple construit un nid rudimentaire de pierres qu'il défend avec ferveur, parfois au prix de disputes violentes. Les femelles pondent généralement deux oeufs lors de chaque reproduction, couvés à tour de rôle par les parents pendant plus d'un mois. Cependant, en raison de la compétition alimentaire, il est fréquent que seul le plus fort des deux poussins survive.

    À Brown Bluff, les manchots papous établissent leurs colonies sur les plages ou dans les zones protégées par les falaises. Les oiseaux peuvent se reproduire en toute sécurité, protégés des prédateurs et des conditions climatiques extrêmes. Brown Bluff © Thierry Suzan – Tous droits réservés
    À Brown Bluff, les manchots papous établissent leurs colonies sur les plages ou dans les zones protégées par les falaises. Les oiseaux peuvent se reproduire en toute sécurité, protégés des prédateurs et des conditions climatiques extrêmes. Brown Bluff © Thierry Suzan – Tous droits réservés

    La résilience du manchot papou

    Des études récentes ont mis en lumièrelumière une hausse des populations de manchots papous en Antarctique ainsi que leur capacité d'adaptation face au réchauffement climatiqueréchauffement climatique. Alors que les manchots Adélie et les manchots à jugulairemanchots à jugulaire, connaissent un déclin depuis plusieurs années, les scientifiques observent une augmentation des effectifs des manchots papous et une expansion vers de nouveaux territoires. Ce phénomène est principalement lié à la réduction de la banquisebanquise, qui ouvre de nouveaux habitats de reproduction et permet à l'espèceespèce de s'étendre dans des zones auparavant inaccessibles. Bien que cette adaptation semble bénéfique à court terme, elle soulève des questions quant à sa pérennité face aux changements climatiques rapides et imprévisibles. En effet, si la fontefonte des glaces favorise momentanément leur reproduction, la vitessevitesse des transformations environnementales, notamment l'augmentation des températures et la perte de glace marine, pourrait limiter les bénéfices à long terme. Les scientifiques s'interrogent ainsi sur la capacité des manchots papous à maintenir cette croissance démographique et cette expansion territoriale.

    Les manchots papous forment des groupes soudés où chaque individu joue un rôle crucial dans la défense du territoire et la protection des nids. Leurs interactions sociales et leur organisation en groupe sont essentielles pour faire face aux défis de l'environnement extrême, permettant ainsi une meilleure protection et survie des jeunes. Manchots papous, île Paulet © Thierry Suzan – Tous droits réservés
    Les manchots papous forment des groupes soudés où chaque individu joue un rôle crucial dans la défense du territoire et la protection des nids. Leurs interactions sociales et leur organisation en groupe sont essentielles pour faire face aux défis de l'environnement extrême, permettant ainsi une meilleure protection et survie des jeunes. Manchots papous, île Paulet © Thierry Suzan – Tous droits réservés

    Les manchots papous sous l'œil des scientifiques

    Une étude publiée en 2019 dans la revue Nature Climate Change a révélé que, dans certaines colonies, la réduction de la couverture glacière permet aux manchots papous d'accéder à de nouvelles zones de pêchepêche, leur permettant ainsi de se nourrir plus efficacement. D'autres études, telles que celles menées par l'Institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV), ont suivi les comportements reproductifs des manchots papous en relation avec les changements de température de l'eau et la variation de la banquise. Ces recherches ont démontré une corrélation entre la fonte des glaces et une saisonsaison de reproduction prolongée, ce qui a permis aux manchots de profiter d'une fenêtrefenêtre alimentaire plus large. Cependant, malgré ces adaptations positives à court terme, la hausse continue des températures pourrait avoir des effets négatifs à long terme. Par exemple, des travaux menés par l'Université d'Adélaïde (Australie) sur l'acidification des océans ont montré que les populations de poissons et de krill, principales sources de nourriture des manchots, pourraient diminuer à mesure que l'acidification des mers progresse, ce qui pourrait affecter la chaîne alimentairechaîne alimentaire.

    - Le regard de l'explorateur -

    L'océan s'étend à l'infini, mais les manchots papous avancent sans faillir. Ils plongent dans les eaux glacées avec une sérénité implacable, traçant des arabesques silencieuses sous la surface. Dans ce monde polaire, impitoyable et fragile, chaque instant est une lutte contre l'immensité. Nés dans le ventvent et la neige, ils grandissent dans les conditions extrêmes de l'Antarctique, apprenant très tôt à affronter le froid et les prédateurs. Le destin des manchots papous est celui d'une lutte silencieuse, une persistance obstinée au coeur de l'immensité blanche, où chaque jour arraché au danger est une victoire de la vie.

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