Vous aimez (beaucoup) les aliments sucrés. Mais comment savoir si vous êtes addict ? Une équipe de chercheurs vient de mettre au point une échelle pour le déterminer. Les résultats suggèrent que les émotions que vous éprouvez quand vous en consommez pourraient bien être un signe que vous l’êtes...
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Le fait d'être accro au sucre n'est pas lié à un manque de volonté. Les recherches menées sur cette addiction indiquent en effet que c'est un comportement relativement complexe associant envies irrésistibles de sucré, perte de contrôle et détresse émotionnelle, des symptômes similaires à la dépendance à certaines drogues.
Alors qu'il existe des échelles permettant de mesurer la dépendance à la nourriture, aucune n'avait jamais encore été mise au point pour mesurer spécifiquement la dépendance aux produits sucrés. On sait pourtant que ces derniers peuvent stimuler de manière unique les circuits de récompense du cerveaucerveau et ainsi favoriser les comportements de dépendance.
Un outil de mesure spécifiquement dédié aux produits sucrés
Des chercheurs polonais de la fondation FitMIND, une organisation rassemblant des experts en diététique et en psychologie autour des troubles alimentaires, ont décidé de remédier à cette lacune. Ils se sont inspirés de la YFAS (Yale Food Addiction Scale) - une échelle évaluant les symptômes de dépendance pour mesurer l'addiction à la nourriture - et l'ont adaptée pour qu'elle se concentre uniquement sur les aliments sucrés.
Ce nouvel outil, dénommé « FitMIND Foundation Sweets Addiction Scale » (FFSAS), met en correspondance les symptômes de dépendance avec les comportements vis-à-vis de ces produits. L'objectif ? Déterminer la force de l'addiction en évaluant la manière dont un individu interagit avec les sucreries, que ce soit en matièrematière de quantités consommées et d'impact émotionnel et psychologique.
Près de 350 adultes enrôlés
Ils ont ainsi soumis 344 adultes polonais à un questionnaire en ligne concernant leur indice de massemasse corporel (IMC), leur consommation d'aliments sucrés et les sentiments qui y étaient associés (culpabilité, remords, envies compulsives...). Parmi les participants, 62 % se considéraient comme dépendants aux produits sucrés et près d'un sur trois consommait des sucreries plusieurs fois par jour. Ils ont ensuite calculé pour chacun leur score FFSAS.
Les résultats de leur étude, publiée dans Nutrients, montrent que des scores de dépendance FFSAS élevés sont bel et bien associés à des envies fréquentes de sucreries, à des tentatives infructueuses de réduire leur consommation et à des émotions négatives, telles que la culpabilité et la honte. Les personnes qui étaient les plus gravement dépendantes éprouvaient ces sentiments quotidiennement, et parfois même plusieurs fois par jour. C'est aussi celles qui échouaient le plus souvent dans leur tentative de se libérer du sucre.
Selon les chercheurs, plus que les fréquences de consommation, ce sont les réactions émotionnelles associées à cette consommation qui reflètent le niveau de dépendance.
Pourquoi cette étude est importante ?
Ces nouveaux travaux sont intéressants à deux titres. D'abord, ils permettent de démontrer la pertinence de l'échelle FFSAS pour détecter la dépendance aux produits sucrés. Ensuite, ils mettent en évidence que la détresse émotionnelle est clairement associée à cette dépendance, alors qu'elle est souvent invisibilisée dans les évaluations nutritionnelles cliniques.
Mais la FFSAS doit faire l'objet d'autres études plus vastes pour valider sa fiabilité, les chercheurs estiment qu'elle pourrait avoir des implications non seulement pour le traitement de l'obésité, mais également pour la prise en charge des troubles de la santé mentale et la planification alimentaire personnalisée.
