Les redoutables « cochons Terminator », qui ont parcouru l'Eurasie et l'Amérique du Nord il y a 20 à 40 millions d'années, ont longtemps intrigué les paléontologues. Leurs impressionnantes mâchoires et leur stature imposante laissaient planer le doute sur leur régime alimentaire. Une étude récente lève enfin le voile sur les habitudes alimentaires de ces créatures préhistoriques.
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Les entélodontes, surnommés « cochons Terminator » ou « cochons de l'enfer » dans la culture anglophone, ont longtemps été au centre d'un débat scientifique concernant leur alimentation. Apparentés visuellement aux Suidés (Suidae) mais génétiquement plus proches des hippopotames et des cétacés, ces imposants mammifères préhistoriques possédaient des caractéristiques morphologiques uniques qui rendaient difficile la détermination de leur régime alimentaire. Des chercheurs de l'Institut catalan de paléoécologie humaine ont récemment analysé des fossiles dentaires pour percer ce mystère vieux de plusieurs millions d'années. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology.
L'énigme des habitudes alimentaires des Entélodontes enfin résolue
Les Entélodontes (Entelodonidae) constituaient une famille de mammifères ayant vécu entre 35 et 20 millions d'années avant notre ère. Leur apparence hybride, combinant des caractéristiques de différents animaux, a toujours suscité des interrogations sur leur mode de vie. Certains scientifiques les imaginaient comme des prédateurs redoutables ou d'imposants charognards similaires aux hyènes actuelles.
Pour déterminer avec précision le régime alimentaire de ces animaux préhistoriques, les chercheurs ont examiné les micro-usures présentes sur les dents fossilisées de spécimens découverts dans le sud de la France, datant d'environ 30 millions d'années. Ces marques microscopiques, invisibles à l'œilœil nu, constituent des indices précieux sur les aliments consommés régulièrement par ces animaux.
L'équipe scientifique a comparé ces micro-usures avec celles observées chez des mammifères contemporains dont le régime alimentaire est connu, notamment :
- sangliers et pécaris (omnivoresomnivores) ;
- ours (omnivores opportunistes) ;
- lionslions (carnivores stricts) ;
- hippopotames (herbivoresherbivores) ;
- chevaux (herbivores).

Des omnivores opportunistes plutôt que des prédateurs féroces
Contrairement à ce que leur surnom de Terminator pourrait suggérer, l'analyse des micro-usures dentaires révèle que les Entélodontes n'étaient pas des carnivores stricts. Les résultats montrent des similitudes frappantes avec le régime alimentaire des sangliers et pécaris modernes, classés comme omnivores opportunistes.
Cette découverte permet d'écarter définitivement l'hypothèse d'un comportement exclusivement carnivore. Pourtant, à l'instar des Suidés actuels qui peuvent occasionnellement consommer de la viande lorsque l'opportunité se présente, les Entélodontes adoptaient probablement un comportement alimentaire similaire, intégrant parfois des proies animales à leur menu principalement végétal.
Les Anthracothères, autres mammifères étudiés dans cette recherche et souvent comparés aux hippopotames préhistoriques, présentaient, quant à eux, un régime alimentaire essentiellement végétarienvégétarien. Les micro-usures de leurs dents s'apparentent à celles des mammifères brouteurs et frugivoresfrugivores actuels, confirmant leur préférence pour les végétaux.
Une stratégie d'adaptation face aux changements climatiques
L'étude suggère que ces mammifères préhistoriques évoluaient dans un écosystèmeécosystème particulièrement diversifié, offrant un large éventail de ressources alimentaires. Cette période charnière entre l'Éocène aux conditions tièdes et l'OligocèneOligocène plus frais représentait un défi d'adaptation pour la faunefaune de l'époque.
“Le régime alimentaire flexible des Entélodontes constitue probablement une stratégie évolutive efficace face aux modifications environnementales”
Le régime alimentaire flexible des Entélodontes constitue probablement une stratégie évolutive efficace face aux modifications environnementales. Cette capacité d'adaptation alimentaire leur aurait permis de survivre durant cette transition climatique majeure, expliquant partiellement leur succès évolutif sur une période de plusieurs millions d'années.
Les analyses paléontologiques modernes prouvent ainsi que, malgré leur apparence intimidante et leurs impressionnantes mâchoires, les « cochons Terminator » adoptaient une stratégie alimentaire opportuniste plutôt qu'un comportement de prédateur spécialisé. Cette flexibilité alimentaire, combinée à leur morphologiemorphologie imposante, explique leur remarquable résiliencerésilience face aux changements environnementaux de leur époque.